An interview by "La Liberté", a Swiss newspaper, waiting the next Diamond League stage in Lausanne (July, 3).
Renaud Lavillenie • Le champion olympique de la perche sera la grande vedette d’Athletissima le 3 juillet à Lausanne. Son secret? Il s’entraîne, s’entraîne et s’entraîne.
Hier, quelques heures avant le choc France - Suisse, Renaud Lavillenie s’est présenté devant la presse à Lausanne, d’humeur taquine, mais aussi très concentré et volubile. Le champion olympique de la perche, star d’Athletissima le 3 juillet, a évoqué les 6 m 20, son goût pour la moto et sa passion absolue pour son sport.
Renaud Lavillenie, vous êtes champion olympique, recordman du monde depuis février (6 m 16), double champion d’Europe, presque invincible en meeting… Vous écrasez tout. Comment rester motivé ?
Je reste toujours motivé pour gagner et aller plus haut! J’ai encore des défis à relever, par exemple les JO de Rio en 2016, où je vise un deuxième titre, ce que Sergeï Bubka (la légende à qui le Français a ravi le record du monde, ndlr) n’est pas parvenu à faire. Vous dites que je manque de concurrents. Mais les sauteurs vont monter en puissance en juillet. Ce serait surprenant si tout le monde en était déjà à 5 m 90 à deux mois de l’objectif (les championnats d’Europe à Zurich, en août).
Vous êtes connu pour sauter beaucoup en compétition et à l’entraînement. C’est une marque de fabrique, un moyen de mieux progresser ?
Je dispute le même nombre de compétitions depuis plusieurs années. J’en aurai eu dix cette saison avant les championnats d’Europe. La perche est une discipline très compliquée, avec beaucoup de paramètres, le vent, la technique… Ce n’est pas à l’entraînement que vous pouvez apprendre à les maîtriser. J’aime la compétition, je m’entraîne pour ça. C’est une source de plaisir. Et il y aurait beaucoup de mécontents parmi le public si je ne me produisais que deux fois par an.
On dit que vous faites jusqu’à 60, 70 sauts par séance, trois fois plus que les autres sauteurs…
Oui, car j’aime ça. Ce serait difficile de me brider. J’accumule un maximum d’informations, que je peux ensuite mettre en application. Mes séances durent souvent deux à trois heures, plus la musculation, la course…
Quel est votre rapport avec les autres disciplines de l’athlétisme ?
Je fais beaucoup de courses de haies et de saut en longueur. J’ai des records personnels à 14’’51 sur 110 m haies et à 7 m 37 en longueur. Les haies me permettent de perfectionner ma prise d’élan en réglant la longueur de ma foulée. Entre les obstacles, il faut être méthodique, très rythmé. Cela m’aide pour la perche. Idem avec la longueur: ça m’aide pour la transmission d’énergie au décollage.
Et la moto, ça vous aide ? (Lavillenie, fada de moto, s’est classé 25e des 24 Heures du Mans l’an dernier)
(Rires) La moto me permet d’avoir une discipline où je peux me libérer à 100%. Et de penser à autre chose qu’à l’athlé. Je suis focalisé sur d’autres contraintes tout en restant méthodique. Quand je veux déconnecter, je vais faire des tours sur un circuit. Cela me permet de retrouver ensuite l’envie de m’entraîner.
Vous n’avez pas peur de vous blesser à moto?
Vous savez, je roule à plus de 250 km/h en circuit, et ma plus grande blessure, c’est en sautant à la perche que je l’ai eue. On n’est à l’abri nulle part. Ma philosophie, c’est de vivre ma vie à 100%. Plus on se bride, plus on se crée des situations d’échec, alors… Mon fantasme serait d’essayer une MotoGP.
Jusqu’à quelle hauteur pensez-vous pouvoir sauter ?
6 m 20 ? 6 m 25 ? 6 m 30 ? Je ne sais pas, mais je n’ai aucune raison de m’arrêter à 6 m 16 ou 6 m 17. Il y a le moyen de progresser. Le plus dur pour moi est de retrouver les conditions, physiques et extérieures, que j’avais quand j’ai battu le record du monde. Je dois remettre les choses dans le bon ordre.
This is my translation :
Renaud Lavillenie • The Olympic champion pole vaulter will be the star at the Athletissima on July 3 in Lausanne. His secret ? He trains, trains and trains again.
Yesterday, a few hours before the France - Switzerland clash in Soccer World Cup, Lavillenie appeared before the press in Lausanne, in a playful mood, but also very focused and talkative. The Olympic champion pole vaulter, star at the Athletissima on July 3, spoke of possible 6.20 m, of his taste for motorbike and of his absolute passion for his sport.
Renaud Lavillenie, you're the Olympic champion, the world recorder since February (6.16 m), a double European outdoor champion, and almost invincible in meeting ... You're trashing all. How do you stay motivated ?I'm still motivated to win and go higher ! I still have challenges, such as the Olympics at Rio in 2016, where I aim a second title, that Sergei Bubka (the legend from who the French stole the world record, ed) failed to do. You say that I lack competitors, but jumpers will ramp up in July. It would be surprising if everyone was already at 5.90 m two months before the objective (the European Championships in Zurich in August).
You are known to jump a lot in competition and training. This is your feature, a way to make better progress ?I compete in the same number of competitions for several years. I will have competed in ten of those this season before the European Championships. Pole vaulting is a very complicated subject, with many parameters, the wind, the technique ... It's not during training that you can learn to control them. I love competing, I train for it. It is a source of pleasure. And there would be many unhappy people among the public if I was performing only twice a year.
It is said that you do 60 to 70 jumps per training session, three times more than other pole vaulters...I do, because I like it. It would be difficult to restrain myself. I collect as much information that I can then implement. My training sessions usually last two to three hours, more weight training, running...
What is your relationship with other disciplines of athletics ?I do a lot of hurdles and long jump. I have personal records of 14.51 s in 110 m hurdles and 7.37 m in long jump. Hurdles allow me to improve my run-up by adjusting the length of my stride. Between hurdles one have to be methodical, very rhythmic. It helps me in vaulting. Same thing with long jump : it helps for the transmission of energy at takeoff.
And does motorbiking help you? (Lavillenie is cracked of biking and ranked 25th of the 24 Hours of Le Mans last year)(Laughs) Biking allows me to have a discipline where I can free myself at 100% and think about something else than athletics. I'm focused on other constraints while remaining methodical. When I want to take a break, I'm doing some laps on a circuit. This allows me to find again the desire to train.
Are you not afraid to hurt you in biking ?You know, I drive at over 160 mph on a circuit, and my biggest injury that I had was in pole vaulting. You can't be safe anywhere. My philosophy is to live my life at 100%. The more you curb yourself, the more you can be in situation of failure, so ... My fantasy would be to try a MotoGP.
How high do you think you can jump ?6.20 m ? 6.25 m ? 6.30 m ? I don't know, but I have no reason to stop at 6.16 m or even 6.17 m. There is a way to make progress. The hardest thing for me is to find the good physical and external conditions, those I had when I broke the world record. I have to put things in the right order.